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La philosophie pratique. Rousseau, Kant, Fichte. (Extraits)

Présentation

Je prends « philosophie pratique » en un sens plus large que la somme de ces parties de la philosophie que sont la philosophie morale et la philosophie politique. Ne serait-ce que pour penser l’unité de ces deux parties, il faut les enraciner dans une métaphysique qui décrive le monde comme transformable, et qui situe l’existence humaine au cœur de cette transformation, sinon comme moteur, du moins comme partie prenante. Nous voilà en présence d’un édifice qui part d’une métaphysique, se développe avec une anthropologie et s’achève dans une philosophie politique. Nous sommes donc au-delà d’une simple juxtaposition de la philosophie morale et d’une philosophie politique.

La philosophie pratique entendue en ce sens constitue donc un système de connaissances philosophiques, système qui se distingue de la philosophie théorique par son fondement : l’exigence pratique, celle-là même que Kant découvre, à partir de laquelle il constitue le domaine pratique de la rationalité, et reconstruit la métaphysique. La philosophie pratique a donc tout à la fois le pratique comme objet et comme principe. On peut distinguer ces deux sens de « pratique », en considérant d’une part le pratique au sens kantien d’un fondement pratique de la rationalité, et d’autre part « la » pratique en désignant par là l’action transformatrice, en rassemblant alors praxiV ou poeisiV, morale-pratique ou technique-pratique[1]. Mais précisément la philosophie pratique au sens où je l’entends ici réunis ces deux aspects, en faisant de la pratique transformatrice une conséquence du pratique fondant la rationalité. L’unification de ces deux sens de « pratique » en un système philosophique n’est plus kantienne, elle est l’œuvre de Fichte : le lecteur retrouvera ici l’inspiration de ma thèse, Pratique et réalité. Le rapport entre métaphysique et transformation du monde est médiatisé par une conception de l’homme ou anthropologie philosophique. L’enchaînement de ces disciplines –métaphysique, anthropologie, philosophie morale et politique – constitue ce que j’appelle ici philosophie pratique et que l’on retrouve comme tel chez d’autres auteurs. J’ai voulu, dans mon mémoire d’habilitation, préciser et développer cette dimension de ma thèse en présentant la structure de cette philosophie pratique, non seulement chez Kant et Fichte, mais aussi chez Rousseau. De grandes parties de ce mémoire, suivies du Discours de soutenance, constituent sur ce site les premiers textes de cette rubrique « philosophie pratique ». Viennent s’y ajouter un choix de conférences.

Introduction >>



[1]. Cf. E. Kant, introduction à la Critique de la faculté de juger.